Sweet Dreams

Chapitre 10

Le lendemain matin ne fut pas vraiment une partie de plaisir. La veille, pour aider à supporter les révélations de Fredericke, Menthe, Judy et Bélis avaient toutes les trois bu plus que de raison. C’était un vrai miracle qu’elles aient réussi à rentrer chez elles sans se perdre ou se faire attaquer en route. Elles s’étaient effondrées dans le salon sans prendre la peine de se traîner jusqu’à leurs lits respectifs. Accessoirement, elles avaient maintenant un mal de crâne tout à fait abominable. Et les révélations de Fredericke étaient toujours là. Toujours aussi horribles. Judy s’en rendit compte dès qu’elle se réveilla. Elle migra vers la cuisine pour se préparer une tasse de thé et éviter de réveiller les deux autres, qui dormaient toujours. Elle espérait vaguement que le thé pourrait éventuellement faire disparaître le mal de tête et les mauvaises révélations, mais ils étaient aussi tenaces les uns que les autres. Et elle ne parvenait pas à oublier. De la drogue faite à partir de sang. Mieux, de la drogue faite à partir de sang de personnes torturées et mortes de douleur. Et des gens consommaient cette drogue. Des gens consommaient le sang de ces malheureux qui avaient peut-être agonisé pendant des heures, des jours ! Ca ne cadrait vraiment pas avec un meurtrier qui avait une certaine considération pour ses victimes, qui les habillait joliment, les installait soigneusement pour qu’on les trouve, et d’une certaine manière, les respectait. Là, on parlait d’actes qui relevaient de la folie furieuse. D’une cruauté sans pareille, et d’un mépris total pour ses victimes. D’ailleurs, ça ne cadrait pas trop avec la thèse du non-humain, comme l’avait précisé Akhilesh ; certaines des victimes étaient elles aussi des non-humains, et il était rare qu’ils se tuent entre eux. En général, ils en avaient plutôt après les humains, de très loin majoritaires en ville (pour ne pas dire dans tout le pays), et qui faisaient en général preuve d’un racisme et d’un sentiment de supériorité sans faille envers les changeformes, les vampires, les nymphes, et en général, toutes les races qui n’étaient pas parfaitement identiques à la leur étaient jugées comme stupides, inutiles, et tout juste bonnes à leur obéir. Pas tellement étonnant qu’on rencontre des agressions d’humains par les non-humains, alors. Parfois, Judy elle-même avait du mal à se retenir de sauter à la gorge de certains de ses comparses humains. Mais là, ce n’était visiblement pas le cas, rien ne concordait. Pourquoi le ou les coupables s’en prenaient-ils à des personnes aussi diverses ? Pourquoi ne ciblaient-ils pas un type particulier ? Si c’avait été le cas, Judy aurait pu en déduire un certain nombre de choses. Comme par exemple une ébauche de raison. Ou tenter de deviner qui il était. Mais non. Visiblement, il (ou ils ?) ratissait large, et ramenait beaucoup de gens dans ses filets. Beaucoup de victimes en très peu de temps. Beaucoup de souffrances. Le sang récolté. Et pourtant, les vêtements neufs. Essayait-il de s’excuser de les avoir maltraités ainsi ? C’était un peu tard… Elle commençait à se dire que finalement, l’avis général que ce meurtrier était un fou dangereux n’était pas si mauvais, et qu’il fallait l’arrêter pour l’empêcher de tuer n’importe qui sans aucune raison valable sinon de les vider de leur sang (ce qui n’était PAS une raison valable, loin de là !).

Le thé chaud commençait à lui faire du bien, et sa migraine diminuait légèrement. Elle put se mettre à réfléchir plus clairement. Bon. D’un côté, elle avait une personne qui en tuait d’autres, de manière extrêmement violente, d’après Akhilesh, et qui vidait ses victimes de leur sang pour ensuite s’en servir dans la confection d’une drogue. De l’autre côté, on avait peut-être la même personne qui semait des cadavres aux quatre coins du centre-ville, bien habillés dans des vêtements neufs, et dans des attitudes respectueuses, soignées. Tout ça ne collait pas. En fait, Judy ne pouvait voir que deux explications possibles : soit le meurtrier était schizophrène, soit… tout simplement, ils étaient plusieurs. Il y avait encore également la possibilité que les deux affaires ne soient pas du tout liées. Après tout, elles n’avaient que la parole de la maîtresse allemande d’un Lord pour penser que celui qui vidait les veines de ses victimes, et celui ou ceux qui fabriquaient de la drogue possiblement à base de sang (mais ça n’avait même pas été vérifié !) étaient de mèche, et que l’un fournissait l’autre pour son horrible besogne. Il aurait fallu descendre dans les bas-fonds, ceux des fabricants de substances nocives porteuses de rêves et de morts, ceux des trafiquants, pour qui la vie ne valait pas plus qu’une poignée d’argent, du moment que ce n’était pas la leur. Descendre dans ce que Londres avait de pire, y fouiller, pour trouver une preuve, un indice, qu’on saignait bien des gens à blanc pour fournir à d’autres une ration de rêve chimique. Bref, tout ce que Judy adorait.

Des bruits dans le salon et divers grognements lui apprirent qu’une de ses colocataires avaient fini par émerger, et qu’elle aussi était à la merci de la terrible migraine d’après-soirée bien arrosée. Bélis débarqua elle aussi dans la cuisine, grogna quelque chose qui pouvait être « bonjour » ou « je déteste le soleil », ou tout simplement « grmpf ». A son tour, elle se servit une tasse de thé, et vint s’asseoir en face de Judy. Elle aussi avait du mal à se faire à ce que Fredericke avait révélé. Contrairement à son amie, elle ne perdait pas de temps à discuter si une drogue pouvait et était vraiment élaborée à partir de sang. Pour elle, toute cette histoire était vraie, et il y avait un malade mental qui assassinait à tour de bras pour se procurer de la matière première, en train de courir en liberté dans les rues de Londres, et il fallait l’arrêter au plus vite. Du moins, quand elles auraient moins mal au crâne.

Il fallut encore deux tasses de thé pour que Bélis retrouve l’usage de la parole et demande :

-   Alors, qu’est-ce que tu en penses de cette histoire ?

-   Je ne sais pas trop… Déjà, il faut savoir si cette histoire de drogue est vraie. Et tu sais ce que ça veut dire ?

-   Descendre, répondit Bélis avec un soupir.

-   Il va falloir descendre, oui. Et pas qu’un peu.

-   Parce que t’y crois pas, toi ?

-   Disons que quand une femme bizarre avec un accent allemand me dit quelque chose d’aussi dingue, j’attends d’avoir une preuve avant de sauter dessus.

-   Moi j’y crois. Et je te dis que c’est un fou qui tue pour faire de la drogue.

-   Je ne sais pas… Après tout, si tu regardes bien les faits, on a deux visages bien distincts : celui qui vide les gens de leur sang, et celui qui dispose bien les cadavres.

-   Et celui qui fabrique de la drogue.

-   Ca nous fait donc trois personnalités différentes. Ca pourrait être trois personnes différentes. Ou il change de caractère selon le moment.

Avec ces histoires de criminels multiples ou de différentes personnalités, Judy devait s’avouer qu’elle ne savait plus trop où elle en était.

-   Ou la même qui ferait exprès de nous embrouiller, remarqua Bélis.

-   Ca tiendrait debout s’il savait que nous était sur ses traces.

-   La moitié de Londres sait qu’on est sur ses traces. Même les lords le savent, maintenant.

-   Lord Stocker le savait parce que Mrs Colman le lui a dit.

-   Et on a parlé avec Scotland Yard…

-   Juste quelques mots avec le super…

-   Et on a pu voir le cadavre de l’église…

-   Bon ça va, j’ai compris, admit Judy. Nous ne sommes pas des modèles de discrétion, et il est probablement au courant que nous sommes après lui.

-   Dis, je viens de penser à un truc…

-   Je t’écoute.

-   Tu penses pas que cette Fredericke, là, elle pourrait y être pour quelque chose ?

-   Qu’est-ce qui peut bien te faire dire ça ?

-   Déjà, elle est pas humaine. Non, je sais ce que je dis, affirma-t-elle en levant la main pour empêcher Judy de l’interrompre. Fais confiance à une semi-nymphe pour savoir ça.

-   Tu aurais pu me le dire.

-   J’ai réussi à comprendre que ce matin. Elle est très bizarre, faut bien dire. Bref. Elle est accoquinée avec un Lord, ce qui fait qu’elle a des appuis et un protecteur. Elle sait vraiment beaucoup de choses sur notre affaire. Et elle sait qu’on fait de la drogue avec du sang. Elle est pas un peu trop bizarre ?

-   Pas bête, mais l’hypothèse s’effondre d’elle-même. Si elle était dans le coup, à quelqu’endroit que ce soit, tueuse, fabricante ou que sais-je encore, elle ne se serait pas donné la peine de nous mettre sur la piste de la drogue. Elle nous aurait juste pris nos informations.

-   Ah, tu as raison… dommage, on tenait une suspecte.

-   Tu vas lui dire, alors. Je n’ai pas trop envie de voir son poignard de près.

Elles burent leur thé en silence. Ni l’une ni l’autre n’avait plus la moindre idée, à part de « descendre », donc de visiter les très bas fonds, et de se retrouver à côtoyer ce que Londres avait de plus glauque, tant au niveau décors qu’au niveau personnes et mentalités. La fine fleur des voyous et des assassins.

Des coups frappés à la porte vinrent les tirer de leurs pensées. Ainsi qu’une série intéressante d’injures venant de Menthe, qui avait été réveillée en sursaut. Judy se dépêcha d’aller ouvrir, avant que la mécanicienne ne commette un meurtre. Et elle se retrouva face à deux agents en uniforme, assez larges d’épaules pour avoir du mal à se tenir côte à côte et pouvoir tous les deux regarder par l’encadrement de la porte. Etonnée, elle demanda :

-   Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?

-   Miss Lynch, demanda l’un des deux.

-   C’est moi. Qu’est-ce qui se passe ?

-   Vous et Miss MacLennane devez nous accompagner. Le superintendant Postlethwaite souhaite vous parler.

-   Immédiatement, ajouta l’autre.

Judy soupira et se contenta de demander :

-   Puis-je d’abord passer des vêtements corrects, ou dois-je vous accompagner en l’état ?

 

Et ainsi, environ une demi-heure plus tard, le superintendant Postlethwaite se retrouvait face à deux jeunes filles (Menthe ayant réussi à dissuader les deux constables de seulement regarder dans sa direction en les menaçant de sa fidèle clé à molette) dans un état discutable, et portant des vêtements rien moins que froissés. Heureusement pour elles, la migraine d’après soirée avait fini par se dissiper. Heureusement, car le superintendant était furieux et ne se privait pas pour se faire entendre. A tel point que ses subordonnés n’avaient même pas besoin de coller l’oreille à la porte pour savoir qu’il était en train de passer un savon aux détectives, qui d’après lui ne faisaient rien qu’à lui mettre des bâtons dans les roues et à parasiter une enquête autrement bien menée par des cadors autrement plus douées qu’elles dans tous les domaines. C’était d’ailleurs à peu de choses près ce qu’il était en train de dire :

-   Vous n’avez vraiment rien de mieux à faire que de venir mettre vos énormes pieds dans une enquête qui autrement se déroule sans aucune anicroche !

-   Soyez poli avec mes pieds, Postel.

-   Il suffit, péronnelle, je ne suis pas là pour rire ! Vous gênez le travail de la police avec votre ridicule petite enquête, vous vous mêlez de tout, vous effrayez les gens ! A vous deux, vous avez fait autant de dégâts que le grand incendie de Londres !

-   J’étais pourtant sûre d’avoir démoli aucune maison, cette fois, remarqua Bélis.

-   Pour la dernière fois, silence, petite effrontée ! Vous n’avez vraiment aucune manière. Et je vous le dis, je refuse de vous revoir sur la moindre scène de crime. Tant pis pour vos employeurs, rendez-leur leur argent, mais vous m’avez suffisamment dérangé comme ça.

-   Seriez-vous en train de nous interdire de faire notre travail, monsieur le superintendant ?

-   Exactement. Je suis en train de vous interdire de venir vous mêler d’une enquête policière qui n’a nullement besoin de vous pour avancer, ou reculer, d’ailleurs. Vous avez fait assez de dégâts pour toute une vie !

-   Si vous le permettez, je ne vois pas vraiment en quoi notre enquête dérange la vôtre. Nous ne pouvons pas dire que nous nous soit vraiment croisés.

-   J’ose espérer que vous vous moquez de moi. Non seulement vous vous promenez sur les scènes de crimes alors même que la police tente d’enquêter, mais vous clamez aux quatre coins de Londres que vous enquêtez sur le sujet parce que la police n’est pas capable de faire son travail. Rendez-vous compte, la nouvelle est arrivée jusqu’à la chambre des lords !

-   Ah, pour la chambre de lords, ce n’est pas vraiment notre faute, voyez-vous, c’est…

Postlethwaite interrompit Judy, visiblement en colère.

-   Ne me servez pas d’excuses. Grâce à vous, on clame partout que la police n’est pas capable de faire son travail et qu’on en est réduit à engager des écolières pour faire son travail ! Mais vous n’êtes pas dans un roman de détective, mademoiselle Lynch ! Vos soi-disant fabuleuses découvertes, nous les avons également faites, et vous n’avez strictement rien déduit de ces nouvelles données. Tout ce que vous avez fait, c’est brasser de l’air, encore de l’air, faire peur aux gens dans la rue, semer la panique chez certaines personnes que nous surveillons, mis des idées étranges dans la tête d’une constable parfaitement respectable, et vous être faites remarquer chez l’un de nos Lords les plus respectables ! Ca, vous pouvez être contentes de vous ! Sans compter que rien ne vous autorise à vous entretenir avec des membres de la police à et leur faire croire que vous êtes autorisées à leur poser des questions et à recueillir des informations strictement confidentielles !

-   Vous parlez du constable Driftwood, ou du docteur Murphy ?

-   Des deux, et de tous les constables et agents que vous avez pu approcher. Y compris l’inspecteur Smith. Je vous interdis de les approcher encore, et si jamais cela arrive, de leur dire ou demander n’importe quoi qui soit en rapport avec l’affaire qui nous occupe.

-   Je connais Brendan depuis des années, et…

-   Il pourrait être votre frère caché que ça me serait égal. Je vous ai dit de ne pas l’approcher, et c’est ce que vous ferez ! Ou je vous fais mettre au cachot, toutes les deux, jusqu’à ce que le coupable ait été arrêté !

A présent, le superintendant fulminait. Cependant, Judy, n’étant pas une jeune fille si raisonnable, trouva justifié d’objecter :

-   Vous ne pouvez pas prétendre, cependant, que nous n’avons pas obtenu de résultats ! Pouvez-vous en dire autant ?

-   Des résultats ? Vos petits secrets ? Vous parlez de ceci ?

Il brandit les petits carnets où les deux filles prenaient leurs notes. Judy bondit littéralement de sa chaise, prête à étrangler Postlethwaite, et Bélis dut l’obliger à se rasseoir. La détective s’écria :

-   Ces informations sont privées, vous n’avez pas le droit d’y toucher !

-   Scotland Yard, ma petite. Nous avons le droit de saisir toute pièce qui pourrait aider l’enquête en cours.

Visiblement, il jubilait. Tranquillement, il feuilleta le carnet, s’arrêtant sur l’une ou l’autre annotation pour la lire à haute voix et se lamenter du manque de discernement de son auteur. Arrivé aux pages consacrées à leur dernière enquête, il entreprit de lire les questions posées, les hypothèses, les quelques déductions que Judy avaient faites, d’un ton qui donnait envie aux deux jeunes filles de l’étrangler sur le champ. Heureusement, elles trouvèrent plus judicieux de s’abstenir ; il y avait suffisamment de témoins pour les faire arrêter. Finalement, Postlethwaite en eut certainement assez de son petit exercice de lecture moqueuse, car il ferma les deux carnets et déclara :

-   C’est bien ce que je disais, ce ne sont que des fadaises. Toutes vos merveilleuses déductions, nous les avons déjà faites de notre côté. Il ne faut pas être un génie pour remarquer que quelqu’un avait déplacé les corps bien après leur mort, ni que leurs vêtements étaient neufs. Vous avez une bien haute opinion de vous, mes petites. Quant à cette histoire de magie, ce ne sont que des idioties sans nom. De la magie. Et pourquoi pas des tours de passe-passe ? Des colombes sortant des chapeaux ?

-   J’ai confiance en ce médecin.

-   Vous avez tort, ma petite. On vous fait vraiment gober n’importe quoi. Enfin, faire confiance à un médecin de campagne, qui vient d’un pays où n’importe qui gobe ce genre de fadaises ! Ah, il a dû être ravi de se moquer de vous comme ça ! De la magie. On aura tout entendu.

-   Bon, si vous n’y croyez pas, ça vous regarde, mais admettez au moins que le reste de ses observations vous intéresse !

-   Bah ! Des gens morts de douleur, ou saignés, on en revient au même ! Vous n’avez pas fait avancer l’enquête d’un pouce ! Vous avez bien de la chance que je ne vous arrête pas pour avoir entravé le travail de la police.

-   Que nous vaut cette faveur ? demanda Judy d’une voix grinçante.

-   Je veux savoir tout ce que Lord Stocker vous a dit, et pourquoi il vous a invitées hier soir, à son bal. Il n’y a aucune note là-dessus.

-   Exactement pour la même raison que vous : il trouve que Scotland Yard fait bien son travail et que des petites filles ne peuvent pas vraiment s’occuper d’affaires criminelles.

-   Ne vous moquez pas de moi !

-   Il était juste curieux, c’est tout. Mrs Colman lui a parlé de nous, et il a décidé de nous inviter. Point final. Maintenant, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, Bélis et moi avons à nous trouver un nouvel emploi, puisque monsieur le superintendant n’a pas l’air de vouloir nous laisser gagner notre pain.

-   Ne le prenez pas sur ce ton, petite peste ! Fichez le camp, et si jamais je vous revois tourner autour de mes hommes ou de mes scènes de crime, je vous arrête pour de bon !

Elles sortir du bureau en claquant la porte avec une telle violence que les cadres allèrent s’écraser sur le plancher, forçant Postlethwaite à hurler encore davantage. Tous ceux qui écoutaient à la porte firent bien vite mine d’être occupés à autre chose, et personne ne les arrêta pour déprédation de matériel de la police. Une bonne chose, car énervées comme elles étaient, le malheureux qui aurait tenté quoi que ce soit aurait été bon pour une agression dans les règles (et Bélis et Judy pour au moins une nuit passée en prison).