Sweet Dreams

Chapitre 17

Il faisait beau sur Londres, ce jour-là, malgré le froid mordant, un petit vent soufflait, pas trop désagréable, et le soleil brillait. Une journée d’hiver parfaite. Le marché aux fleurs de Covent Garden était un endroit tout à fait adéquat pour passer l’après-midi : calme, empli de gens sympathiques et détendus, de magnifiques bouquets aux parfums enchanteurs où que le regard se portait… Un endroit paisible. Qui fut très vite perturbée quand un énergumène rien moins qu’agité le traversa en diagonale au pas de course. Ceux qui tenaient les stands comme les différents clients se demandèrent ce qui pouvait bien lui passer par la tête pour foncer ainsi à travers la foule. La réponse vint très vite, sous la forme de deux jeunes filles, l’une en robe, l’autre en kilt et pantalon, qui foncèrent à sa suite, sautant par-dessus les cageots, plongeant sous les tables, et bousculant tout un chacun. Ils traversèrent le marché en diagonale à toute allure. Visiblement, les deux filles poursuivaient l’individu, et elles perdaient du terrain, du moins un peu. Le poursuivi s’engagea à toute allure dans une ruelle alors qu’il était hors de vue des deux poursuivantes, espérant ainsi les semer. La stratégie fonctionna visiblement, puisqu’elles continuèrent tout droit sans même un regard. Il ricana, et reprit sa course pour s’éloigner au plus vite. Malheureusement pour lui, il n’alla pas bien loin. Ses jambes rencontrèrent un pied nonchalamment tendu, et il s’écroula sur les pavés, le nez dans la neige, avec la grâce d’un sac de charbon. Alors que sa tête heurtait le sol, il entendit vaguement un sifflement, mais ça pouvait tout aussi bien être ses oreilles, après le choc. Quelques secondes plus tard, les deux détectives débarquaient dans la ruelle. Le fuyard leva la tête, et vit la troisième personne, qu’il n’avait pas remarquée en s’engouffrant dans sa cachette : un homme, ou peut-être une femme, il ne savait pas trop, aux cheveux roux ramenés en arrière, qui avait l’air très occupé à fumer une cigarette. Et vêtu de manière très inhabituelle, même pour Londres. Pas le genre de personne que l’on ne remarque pas, et pourtant, il ne l’avait pas vu avant qu’il ne soit trop tard… Il se demandait encore comment il avait fait, quand Judy lui passa les menottes et se redressa. Bélial et Bélis l’aidèrent à remettre leur prisonnier sur ses pieds, et les trois prirent le chemin du poste de Charing Cross en le traînant avec eux.

Alors qu’ils arrivaient, la neige se mit à tomber, et l’agent de l’accueil leur permit d’entrer. Ils livrèrent leur captif, qui fut promptement pris en charge, et s’assurèrent d’être prévenus quand il serait jugé, pour pouvoir témoigner. Bélial s’excusa et s’esquiva. De temps en temps, il prenait le temps d’aider les deux femmes, surtout sur des enquêtes qui les dépassaient, mais il ne restait jamais bien longtemps avec elles et retournait vite à ses occupations qui consistaient surtout à traquer les fabricants de drogues. Judy et Bélis bavardèrent encore quelques minutes avec les constables qu’elles commençaient à bien connaître, avant de quitter le poste à leur tour. Sur les marches à l’entrée, elles croisèrent le constable Saule Driftwood, qui, de manière assez étonnante, traînait Sky avec elle. Quand Bélis lui demanda ce qui se passait, elle répondit :

-   Ce jeune effronté persiste à me faire des avances. Il se plie vraiment en quatre pour que je l’embarque…

-   Pourquoi ça ? Je veux dire, quel intérêt il y a à se faire emmener comme ça ?

Elles se tournèrent toutes les trois vers Sky, qui se contenta de hausser les épaules. Sous le feu de ce triple regard interrogatif, il répondit :

-   Il fait froid, dehors, et je ne peux pas manquer une journée de travail, on me surveille. Alors que si je me fais arrêter, c’est une autre histoire. Au moins, je peux passer quelques heures au chaud.

-   Il ne fait pas assez chaud chez Samuel ? demanda Bélis.

-   Si, il fait assez chaud. Mais j’y suis pendant la journée. Pendant la nuit, c’est plus difficile, surtout quand on doit rester planté dans la neige pendant des heures. Je m’arrange comme je peux. J’en ai marre du boulot.

Judy se dit qu’en effet, il n’avait pas vraiment très bonne mine. Depuis qu’elles lui avaient coupé leur alimentation en drogue, il avait perdu ses mauvaises habitudes, mais sa santé en avait pris un coup. Il n’avait plus la fraîcheur d’adolescent qui lui donnait l’air d’avoir encore quinze ans, il était très pâle, et ses joues s’étaient creusées. En un mot, il n’avait vraiment pas la forme. Touchées, les deux filles proposèrent de l’emmener avec elles, plutôt que de le jeter dans une cellule pour la nuit et ajouter à son casier judiciaire. Après tout, ce n’était pas bien grave, ce qu’il avait fait, ça ne valait pas une punition, et son « employeur » ne saurait certainement pas où il avait passé sa nuit. Saule ne fit pas grande difficulté pour le leur confier. Après tout, elle n’appréciait pas particulièrement d’emprisonner des gamins, surtout ceux qui avaient la vie dure comme Sky, et cela faisait longtemps qu’elle ne s’offusquait plus de ses avances maladroites.

Les trois reprirent donc la direction de Fleet Street sous la neige. L’ange déchu n’avait visiblement pas envie de bavarder, et le trajet se passa dans un silence seulement troublé par le bruit de leurs pas, et quand Bélis lui noua d’autorité son écharpe autour du coup pour le réchauffer. Arrivés à la maison, Judy passa en premier. Menthe n’était jamais très réceptive avec les individus masculins, et elle n’avait jamais rencontré Sky ; il valait mieux préparer le terrain.  Bélis lui laissa cinq petites minutes, qui s’écoulèrent également dans un silence pensant, puis ils montèrent également. Pour trouver Judy en train d’argumenter, et Menthe barricadée derrière le canapé, énorme clé à molette à la main. La mécanicienne leur jeta un regard extrêmement noir à faire fuir des inspecteurs du Yard en pagaille, et se cacha un peu plus. Sky resta planté là, au milieu du salon, un brin confus. Bélis lui conseilla de ne pas faire attention à elle, elle se comportait ainsi avec tous ceux qu’elle rencontrait, elle ne le détestait pas particulièrement. Elle alla ensuite mitonner un repas convenable, tandis que Judy faisait de son mieux pour que leur invité surprise se sente à peu près à l’aise. Tâche rendue plus difficile par le regard de Menthe qui restait vrillé entre les omoplates de l’ange déchu avec une telle intensité que la détective s’attendait à voir apparaître un trou dans son manteau d’un instant à l’autre. L’arrivée du repas ne détendit que très peu l’atmosphère, Menthe refusant de sortir de sa cachette pour les rejoindre. Elle finit par aller s’enfermer dans sa chambre, embarquant avec elle la boîte de biscuits. Une fois qu’elle eut disparu, Sky se détendit un peu. Judy l’installa sur le canapé, avec quantité de couvertures et de coussins pour que ce soit suffisamment confortable et qu’il ait assez chaud, et lui promit que personne (comme Menthe, par exemple) ne viendrait l’assassiner dans son sommeil.

Bélis et elle allaient le laisser seul dans le salon pour qu’il puisse se reposer, quand des coups à la porte les firent sursauter. Une vraie volée de coups, à vrai dire. Il n’y avait que les urgences ou la police pour frapper ainsi. Judy alla donc ouvrir, méfiante. Pour voir immédiatement Nora et Akhilesh entrer dans l’appartement. Débouler serait d’ailleurs le terme exact, et elle dut reculer pour éviter de se faire piétiner les pieds par l’Ecossaise. L’Indien se montra plus calme, et alla directement s’asseoir dans l’un des fauteuils restés libres, sous les yeux effarés de Sky qui se demandait 1) qui était cet individu étrange en vêtements étrangers, et 2) qu’est-ce qui pouvait bien se passer. Judy s’efforçait de calmer son amie, tandis que Bélis lui servait un grand verre de whisky. Une fois l’alcool expédié, Nora expliqua la raison de leur débarquement en catastrophe :

-   Tu ne devineras jamais ce qui se passe. Non, non, ne cherche pas, tu devineras jamais. On vient de l’aérodrome de Southwark, comme chaque fois qu’on revient, on est allés là-bas pour se poser. Il y avait beaucoup de policiers, et l’inspecteur Abberline, aussi. Et tu devineras jamais pourquoi !

-   Non, en effet. Alors tu peux me le dire ?

-   Ils ont retrouvé un corps. Un corps vide de sang, assis sur une pile de caisses.

-   Tu veux dire… Un corps… comme ceux de Cassiel ?

-   Comme ceux de Cassiel, oui. Paraît qu’il était drogué, comme les autres, et aussi qu’il avait des cicatrices, et les cheveux noirs, et que c’était un gamin. Alors comme ton copain Sky est drogué, et qu’il ressemble à ça, je me suis dit qu’il fallait vite te mettre au courant !

-   Un autre meurtre. Cet idiot a fini par recommencer.

-   J’espère que c’est pas ton ami qu’il a tué, surtout !

-   Nora, il faut que je te dise quelque chose…

Judy prit l’Ecossaise par le bras et la conduisit jusqu’au canapé.

-   Sky est ici, tu vois ? dit-elle en le désignant.

L’ange déchu fit un signe maladroit de la main, visiblement assez perturbé par la situation. La seconde d’après, il faisait connaissance avec le  câlin « bone crushing » de Nora, qui le serra dans ses bras de toutes ses forces. Il fallut l’intervention conjointe de Judy et Akhilesh pour qu’elle le repose sur le canapé, et il se montra assez secoué. Nora lui ébouriffa également les cheveux, et l’assura qu’il fallait qu’il reste avec Judy et Bélis, parce qu’il serait en sécurité avec elles. Et que sinon, elle le jetterait dans son zeppelin et elle l’enfermerait à Edimbourg jusqu’à ce que Cassiel soit à nouveau sous les verrous. Sky se demandait ce qu’il valait mieux répondre dans ces cas-là, mais il n’eut pas à trouver ; Nora récupéra son Akhilesh, et disparut comme elle était venue. Mais sa visite avait affolé Sky, qui supplia Judy de barricader la porte, ce qu’elle fit à l’aide d’une planche bien placée. Elle lui promit que personne ne viendrait le chercher ici, qu’il était en sécurité, et que tant qu’il ne touchait plus à la drogue, il ne devait y avoir aucun risque. Les victimes potentielles de Cassiel étaient légion, il n’allait pas se fatiguer à aller chercher un ange déchu et ancien drogué qui lui avait échappé. A moins bien sûr qu’il ne cherche l’ange déchu plutôt que l’ancien drogué, auquel cas il allait falloir ouvrir l’œil et le bon… Mais elle ne formula pas cette idée à haute voix. Pas la peine de l’inquiéter encore plus. Elle finit par le laisser dormir, en lui promettant que non, personne n’allait débarquer dans leur salon pendant la nuit.

 

Toutes les habitantes de l’appartement furent réveillées en sursaut par un hurlement terrifié, alors qu’il faisait encore nuit à l’extérieur. Elles déboulèrent toutes les trois dans le salon en même temps (Menthe avec toutefois moins d’entrain que les deux autres, et sa fidèle clé à molette). Pour trouver Sky réfugié derrière un fauteuil, effrayé, et Bélial appuyé contre la table, en train de fumer, une fois de plus. Judy dut le rassurer, le démon n’était pas là pour le tuer, simplement,  c’était dans ses habitudes de rentrer ainsi sans prévenir. Elle n’avait d’ailleurs jamais compris comment il faisait pour se jouer ainsi des serrures qu’elle s’évertuait à poser. Une fois de plus, Bélis ressortit le whisky, qui commençait à sérieusement manquer, et en servit un bon verre à l’ange déchu pour qu’il se calme. C’était plutôt nécessaire, puisqu’il était à ce moment en train de répéter en boucle que Judy avait « promis sur tout et n’importe quoi que personne ne pourrait rentrer en pleine nuit, alors que c’était même pas vrai et qu’elle le savait ». Bélial regardait la scène avec un sourire amusé.

Finalement, la situation se calma un brin. Judy réussit à faire comprendre à Sky que non, personne n’était venu le livrer pieds et poings liés à Cassiel, Bélis fit circuler des verres bien remplis à la ronde, Menthe retourna se coucher en maugréant des imprécations, et Bélial expliqua qu’il avait eu des nouvelles de Cassiel.

-   Et comme il paraît que la victime aurait pu être votre ami, mais que je savais qu’il était ici, je suis juste passé voir si  tout allait bien.

Sky se retourna vers Judy avec un regard accusateur, et s’exclama :

-   Tu vois ! Tu disais que personne ne saurait que j’étais là, et Bélial est au courant !

Judy tenta de le calmer, sans grand succès, et le démon se contenta de remarquer :

-   Je te signale, cher ange, que l’information est mon métier, et que j’ai certainement de meilleurs informateurs que Cassiel. Il y a peu de chances qu’il sache ce que je sais. En plus, je doute qu’il te chasse, toi. Il essayera peut-être de récupérer ses anciens clients, mais ça m’étonnerait.

Sky fit tout de même la grimace, mais il n’ajouta rien. A sa place, Bélis demanda :

-   Qu’est-ce qui se passe alors ? On rouvre l’enquête ?

-   Nous autres démons, oui, nous retournons sur ses traces. Et nous risquons de faire à nouveau appel à vous, pour les mêmes raisons. Mais pas encore. D’abord, il faut nous assurer que cette horreur est bien derrière toute cette histoire.

-   On parle bien de Cassiel, là ?

-   Exactement. Après tout, il peut s’agir d’un autre dingue. Tout ce que nous savons, c’est que quelqu’un a recommencé à tuer avec le Sweet Dreams. Avant toute chose, il faut savoir de qui il s’agit. Ensuite, il faut le retrouver. Et enfin, la tâche la plus dure : convaincre ce crétin de superintendant qu’il a enfermé le mauvais coupable. Ama n’est pas le responsable, mais il en est persuadé, et il n’écoute personne qui lui dise qu’il s’est trompé.

-   Nora nous a prévenus. Ils ont trouvé un corps à l’aérodrome aujourd’hui, alors elle avait peur pour Sky.

-   Je vois. Je ne peux que vous conseiller de le garder à l’œil. Sky, retourne chez Samuel, demain, et demande-lui de te garder à l’abri. Il est au courant de tout, et il sait que tu risques d’être en danger. On s’arrangera avec lui. Si les filles te raccompagnent, il ne devrait pas y avoir de problème. Mais hors de question que tu sortes la nuit. Trop risqué.

-   Et puis-je savoir pourquoi vous vous préoccupez autant de ma sécurité ? Ce n’est pas comme si je comptais encore dans le Grand Plan…

-   Nous faisons de notre mieux pour éviter que des gens tombent dans leurs filets. Nous ne pouvons malheureusement pas protéger tout le monde, mais nous faisons notre possible. Dans ton cas, Samuel devrait être capable de te protéger. Non ?

Judy et Bélis eurent alors la surprise de le voir rougir, jusqu’à la racine de ses cheveux. Il marmonna quelque chose d’inaudible, qui pouvait être un assentiment, ou une insulte. Bélial fit mine de ne rien avoir entendu, et prit assez rapidement congé, arguant qu’il n’y avait pas de temps à perdre, et encore beaucoup à faire. Dès qu’il eut disparu, les deux filles se jetèrent sur Sky pour demander des explications. Il leur fallut presque une heure de cajoleries et de supplications pour enfin apprendre le fin mot de l’histoire, et Sky leur expliqua de mauvaise grâce :

-   Si j’ai été déchu… C’est à cause de Samuel. Enfin, c’était notre faute à tous les deux… Et puis, ça remonte à longtemps, plusieurs centaines d’années.

-   Pourtant, t’as pas l’air vieux, remarqua Bélis.

-   Logique. En tant qu’ange, même déchu, je ne vieillis pas, ou alors très peu, on ne sait pas trop. Enfin bref… Comment expliquer ?

-   Pour quelle raison vous avez été déchus ? Je veux dire, ce n’était pas pour le plaisir de le faire… hein ?

Visiblement, Judy avait un peu peur de mettre les pieds dans le plat, mais Sky n’eut pas l’air de mal le prendre.

-   Parce qu’on s’est aimés, voilà tout. Les anges ne sont censés n’aimer que Dieu. Alors quand on a commencé à détourner son sentiment d’adoration, Il n’a pas été très content. Et comme il n’était pas dans un très bon jour, il nous a déchus, tous les deux. Il a brûlé nos ailes, nous a pris tous nos pouvoirs, et nous a envoyés sur Terre.

-   Il vous a déchu juste pour ça ? C’est dégueulasse…

-   Oh, tu sais, Il a déchu Lucifer et une poignée d’autres juste parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec Lui…

-   Ils n’étaient pas d’accord sur quoi ?

Cette histoire de chute commençait à intriguer fortement Judy, à vrai dire. Mais si les démons et certains anges déchus existaient (elle les avait vus elle-même !), cela l’étonnait quand même que Là-Haut, on se permette de se débarrasser comme ça des anges.

-   Sur Chaos, le principe opposé à Dieu. Dieu voulait le détruite tout de suite, pour avoir la paix. Lucifer et les autres ont suggéré qu’il fallait peut-être voir ce que ça allait donner, et Dieu les a tous déchus.

-   Juste pour ça ? s’exclama Bélis. Franchement, c’est pas très gentil…

-   Dieu n’est pas gentil, ni miséricordieux. En tous cas, pas à l’époque. C’est pour ça qu’il en a déchus un certain nombre… juste parce qu’ils s’aimaient, ou qu’ils aimaient des mortels. Il s’est beaucoup adouci avec le temps, surtout depuis que tout le monde travaille à rétablir l’équilibre.

-   Et ce n’est pas possible pour les anges déchus de… remonter ? interrogea Judy.

-   Jamais. Un ange déchu l’est pour toujours…

La détective fit de son mieux pour remettre la conversation sur les rails.

-   Et une fois sur Terre, qu’est-ce que tu as fait ?

-   Je suis resté avec Samuel. Je l’aimais, après tout. On s’est organisés, installés. Et depuis, je vis chez lui… enfin plus ou moins.

Bélis ne put s’empêcher de demander :

-   Et… tu l’aimes encore ?

-   Encore et toujours. Mais lui ne m’aime plus. Je suppose qu’après quelques siècles, il a fini par en avoir assez de me voir… Et puis on a beaucoup discuté pour savoir de qui c’était la faute, notre chute, alors… Peut-être que quelque part, je n’ai que ce que je mérite, hein. Vivre chez Samuel alors qu’il ne m’aime plus. Et faire cette saloperie de boulot, parce que je ne sais rien faire d’autre…

A peine avait-il prononcé ces paroles, qu’il fut pris dans un câlin étrangleur de la part des deux détectives, ce qui eut au moins le mérite de lui arracher un sourire. Elles le remirent au lit avec force paroles de réconfort et promesses que cette fois-ci, personne ne rentrerait plus dans le salon pour lui faire peur, avant d’aller bien vite se glisser à nouveau sous les draps.